Le Devoir,
Canada
Bush-Senate Compromise 'a Setback for Human Rights'
By Guy Taillefer
Translated By Pascaline Jay
October 2, 2006
Cananda - Le Devoir - Original Article (French)
With all
eyes turned toward the American legislative elections on November 7th, last week
the Congress adopted a much debated new law on the detention and judgment of prisoners
in the "war on Terror," most of whom are held at Guantanamo. Essentially, this new law
endorses presidential prerogatives and special military tribunals, although last
June these were declared illegal by the Supreme Court. It is a setback for human
rights and the Constitutional state.
In order
to justify his obsession with national security in general and the treatment of
"enemy combatants" in particular, since September 11 George W. Bush has
pled that desperate times require desperate measures. "Beware!" Objected
the Supreme Court last June, in a divided decision: The special tribunals,
created on the margins of the legal system and without the approval of
Congress, violate the right to a fair trial guaranteed under American law and
the Geneva Conventions. It was a judgment applauded by organizations that
defend human rights, which at the time, dared to see the beginning of the end
of "the abuse of power that has become the trademark of this
administration."
Still, as one
of the Supreme Court justices pointed out at the time, nothing prevents the President
from mending his ways and going to Congress to request the powers he believes needs.
That has now occurred. Republicans in the Senate and House of Representatives,
with the support of a minority of Democrats, just granted him most of what he
asked for. "Our democracy is the big loser," scolded a New York
Times editorial.
Around
the world, September 11 precipitated the adoption anti-terror laws that have
shaken the balance between the respect for civil rights and the imperatives of
national security. Not a month has gone by without the media exposing abuses in
the pursuit of the "war on terror." Considered essential by Mr. Bush,
the new American law that sets the legal framework within which the Guantanamo prisoners
will be judged doesn’t erase the concerns and risks of a slippery slope.
The new legislation
upholds the CIA's secret prisons. It legalizes unlimited detentions. It dangerously
expands the definition of a terrorist suspect, which would then be considered an
"illegal enemy combatant."
The law is
shaky with regard to the prohibition of torture. Confessions obtained under the
pressure of "cruel, inhuman or degrading" treatment will be prohibited
… even if the previous law passed December 30th 2005 already explicitly forbids
it. Even though the new legislation provides a list of abusive interrogation
methods considered war crimes by the Geneva Conventions, it leaves to the discretion
of the President the "authority to interpret the meaning and application"
of the conventions.
All guilty verdicts
will be subject to federal court appeal. On the
other hand, inmates will be denied the basic right to contest the length of
their detentions and the conditions under which they are being held. It's an obvious
distortion of the right to habeas corpus .
It will however be astonishing, if human rights groups fail to bring this
denial of justice before the Supreme Court.
No less
distressing is the fact that Republicans in Congress approved this legislation
for electoral reasons. Dropping in polls, they hope to reinforce their majority
by making Democrats look weak on national security. As soon as the law passed the
House of Representatives, its Republican Speaker, Dennis Hastert, qualified
opponents of the legislation as, "defenders of the rights of terrorists."
One can hardly imagine a more cynical logic.
Demonstrators stand in protest during witness testimony during a
Senate Judiciary Committee hearing titled 'Examining Proposals to
Limit Guantanamo Detainees' Access to Habeas Corpus,' Sept. 25.
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A
substantial minority of Democrats lost their spines and approved the law. But a
majority of them, for once, stood fast, and made a clean break with cowering
attitude Democrats have displayed since October 2002, at the time of the vote to
approve of the Iraq War.
A
majority of Democrats in the Senate - including potential candidates for the
2008 presidential election - voted against the law, calculating that Mr. Bush's
failure on the Iraqi issue had changed the situation, and undermined the traditional
support that Republicans receive on the issue of national security. The
November 7th elections will show the degree to which Republican demagogy still functions.
French Version Below
Bush
les mains libres
Guy
Taillefer
Édition du
lundi 2 octobre 2006
Mots clés : États-Unis (pays), Terrorisme, Justice, george w.
bush, congrès américain, prisonniers
Les yeux
tournés vers les législatives américaines du 7 novembre prochain, le Congrès a
adopté, la semaine dernière, la loi très controversée sur la détention et sur
le jugement des prisonniers de la «guerre antiterroriste» détenus à Guantánamo.
Pour l'essentiel, cette nouvelle loi avalise les prérogatives présidentielles et réhabilite les tribunaux militaires d'exception, pourtant
déclarés illégaux en juin dernier par la Cour suprême. Un recul pour les droits de la personne et l'État de droit.
Aux
grands maux, les grands moyens, plaide George W. Bush depuis le 11-Septembre
pour justifier son obsession sécuritaire en général et le traitement des
«ennemis combattants» en particulier. Attention ! lui a objecté en juin dernier la Cour suprême dans un
jugement divisé : les tribunaux d'exception, créés en marge de la justice
régulière et sans l'aval du Congrès, violent les droits à un procès équitable
garantis par les lois américaines et les conventions de Genève. Jugement salué par les organisations de défense des droits de la
personne, qui osaient y voir le début de la fin de «l'abus de pouvoir qui est
devenu la marque de commerce de cette Maison-Blanche».
Rien
n'empêche toutefois le président, faisait remarquer l'un des juges de la Cour
suprême, de s'amender en retournant devant le Congrès pour demander les
pouvoirs qu'il estime nécessaires. Ce qui fut fait. Ses grands moyens, les élus républicains à la Chambre des
représentants et au Sénat, avec l'appui d'une minorité de démocrates, viennent
de les lui rendre en bonne partie. «Notre démocratie est
grande perdante», a vitupéré en éditorial The New York Times.
Le
11-Septembre a précipité dans le monde l'adoption de lois antiterroristes qui ont bousculé l'équilibre entre le respect des droits civils
et les impératifs de sécurité nationale. Il n'y a
guère un mois qui se passe sans que les médias fassent état de dérives dans
l'application de la «guerre contre le terrorisme». Considérée comme essentielle
par M. Bush, la nouvelle loi américaine, fixant le cadre juridique à
l'intérieur duquel pourront être jugés les prisonniers de Guantánamo, ne fait
pas disparaître les inquiétudes ni les risques de
dérapage.
La loi
maintient les prisons secrètes de la CIA. Elle légalise les
pouvoirs de détention illimitée. Elle élargit dangereusement la
définition du suspect susceptible d'être considéré comme ce qu'elle désignera dorénavant comme un «ennemi combattant illégal».
La loi est bancale en ce qui concerne l'interdiction de la torture. Seront exclues de la preuve les confessions obtenues sous la
pression de traitements «cruels, inhumains ou dégradants»... après l'entrée en
vigueur au 30 décembre 2005 d'une loi qui les interdit explicitement. Si
elle dresse bien une liste des méthodes d'interrogation abusives passibles de
poursuite pour crimes de guerre au regard des conventions de Genève, elle
laisse au président «l'autorité d'interpréter le sens et l'application» de ces
conventions.
Tout verdict de culpabilité pourra faire l'objet d'un appel devant le
tribunal fédéral de Washington. En revanche, les détenus se voient dénier le droit
élémentaire de contester en justice leurs conditions et la durée de leur détention. Il s'agit là d'une entorse
flagrante au principe d'habeas corpus. Il serait
toutefois étonnant que ce déni de justice ne fasse pas l'objet de nouvelles
contestations en Cour suprême de la part des organisations de défense des
droits de la personne.
Non moins
désolant est le fait que les républicains au Congrès
ont voté la législation à des fins électoralistes. Tirant de l'arrière dans les
sondages, ils espèrent s'accrocher à leur majorité en faisant
passer les démocrates qui ont voté contre le projet de loi pour des mous en
matière de sécurité nationale. La loi était à peine votée à la Chambre des
représentants que son président républicain, Dennis Hastert, qualifiait ses adversaires de «défenseurs des droits des terroristes». On ne peut guère imaginer logique plus cynique.
Une
minorité substantielle de démocrates a plié l'échine et a voté la loi. Mais la majorité parmi eux s'est, pour une rare fois, tenue
debout, signalant une rupture d'avec l'aplaventrisme dont les démocrates
avaient fait preuve en octobre 2002 lors du vote sur l'approbation de la guerre
d'Irak.
Au Sénat,
la majorité des démocrates, y compris les candidats potentiels à la
présidentielle de 2008, se sont opposés à la loi, calculant que l'échec de M.
Bush sur la question irakienne avait modifié la donne et miné le soutien traditionnel dont disposent les républicains auprès de
l'électorat en matière de sécurité nationale. Les élections du 7 novembre
diront dans quelle mesure la démagogie républicaine continue à opérer