Mots clés : dirigeants, sommet de
La
tension a été vive toute la journée hier dans les rues du village de
En tête du cortège formé d'étudiants, de syndicalistes, d'anarchistes avoués et de
leaders de la gauche canadienne, les représentants du Conseil des Canadiens veulent remettre aux chefs de gouvernements
une pétition de 10 000 noms qui s'opposent à la tenue de ce
sommet sur le Partenariat nord-américain pour
la sécurité et la prospérité
(PSP). Mais les liasses de feuilles noircies ne trouveront jamais
preneurs, l'escouade anti-émeute barrant rapidement la route aux manifestants
à 25 mètres de l'entrée principale de l'imposante clôture qui entoure le Château. Le face-à-face
commençait.
Au milieu
des slogans évocateurs -- «non au PSP, oui à la démocratie»,
«Les trois bandidos», «Est-ce que c'est
notre futur? Réveillez-vous et protestez!» -- un homme en complet-cravate, épinglette dorée du Mexique bien en évidence sur le veston et lunettes fumées sur le nez,
fendait la foule de plus en
plus dense et active. Gustavo Iruegas est secrétaire des affaires étrangères
du gouvernement symbolique
du Mexique, un Conseil des ministres fantôme formé par le candidat défait à la présidence
Manuel Lopez Obrador, qui ne reconnaît
pas la victoire de son rival et aujourd'hui
président mexicain, Felipe Calderón. «Cette réunion est très
mauvaise pour le Mexique, a
dit Gustavo Iruegas au Devoir. Le Mexique
n'a pas d'ennemis, mais en se collant sur les États-Unis, on va en avoir. Et ce n'est pas ici,
derrière des portes closes, que
le Mexique va régler ses problèmes
de pauvreté.»
Gustavo
Iruegas partage la principale
crainte des 1500 manifestants
réunis à
Au milieu
de l'après-midi, alors que les autocars de manifestants en provenance de Toronto, d'Ottawa,
de Montréal et de Guelph arrivent finalement
à destination, la tension monte
d'un cran le long du cordon policier.
Des jeunes vêtus de noir,
bandeau sur le visage, bouclier
et bâton à la main et
masque à gaz en bandoulière, commencent à jeter des
Premières
grenades lacrymogènes
Il est 15h30 lorsque les policiers tirent les premières
grenades lacrymogènes. Les manifestants
se sauvent dans le désordre. Les éclopés en larmes trouvent refuge quelques mètres plus loin dans les bras des secouristes improvisés qui aspergent d'eau les yeux en feu. Cinq minutes plus tard, comme le ressac d'une vague, les protestataires reviennent à la charge. La SQ et la GRC ont
de nouveau les manifestants dans
le visage. Les injures fusent. La tension est à couper
au couteau.
Pour Amir
Khadir, porte-parole de la formation politique Québec Solidaire, tout ce
cirque est «indigne d'une démocratie». «On n'a pas le droit à la moindre dissidence sans avoir l'escouade anti-émeute et cette répression policière», a-t-il dit au Devoir quelques minutes avant le début
des escarmouches.
À quelques mètres du périmètre de sécurité, assis au milieu de la route, une quarantaine de personnes, surtout des jeunes, discutent des dangers du PSP. «Il faut
se représenter nous-mêmes, parce que les politiciens
qui sont là-dedans ne nous représentent
pas, lance Kim Beaudoin, 22 ans, qui a initié ce
sit-in improvisé. Les policiers
veulent la confrontation, c'est
pour ça qu'ils
déploient ce périmètre. Nous, on pense qu'on est
plus productifs en discutant
qu'en se chamaillant avec eux.»
À 17h40,
après quelques affrontements mineurs, les policiers et les manifestants les
plus radicaux décident d'en découdre pour de bon. Une roche lancée vers les policiers souffle avec la force
d'un ouragan sur les
braises et déclenche une poussée des forces de l'ordre,
qui gazent les 1500 manifestants
sans se gêner. Les protestataires
se replient dans le
village. Bilan: Cinq policiers blessés légèrement et quatre arrestations aux motifs d'avoir troublé la paix, d'entrave et de résistance à une arrestation. À 19h30, la 148 était de nouveau ouverte à la circulation, et les manifestants
avaient repris le chemin de la maison.