'America Must Talk to Iran'

Editorial By Pierre Rousselin   

Translated By Pascaline Jay

May 9, 2006

France - Le Figaro - Original Article (French)    

In its trial of strength over the nuclear issue with the international community, Iran has always sought to divide its opponents. Setting Americans, Russians, Chinese and Europeans against one another is the best way for the Islamic Republic to avoid sanctions or any kind of military operation.

Sent on the eve of the U.N. discussions, the letter of President Ahmadinejad to George W. Bush certainly follows this pattern. Its contents haven't been made public, and Teheran will only say that it contains new elements to defuse this crisis.

[Editor's Note: After this editorial was published, Iran released the contents of the letter RealVideo].

The words he chose will undoubtedly be unfavorable to the American president, but it's a start. This letter is the first communication of any kind that the mullah regime has sent publicly to the “Great Satan” since the 1979 revolution.

The mere existence of this letter is as important as its contents. As far as tactics are concerned, it shows that Iran is open to direct dialogue with the United States, just as the Russians, Chinese, Europeans and a growing number of Americans hovering around the administration all want. As far as strategy is concerned, Ahmadinejad's letter shows that Iran wants to force Washington to recognize the Islamic Republic, despite its belonging to the axis of evil.

With his previous foul pronouncements, such as asking for the eradication of Israel or denying the reality of the Holocaust, Iran's President has managed to make it very difficult for George W. Bush to answer favorably to his call for dialogue.

For several reasons and despite these unacceptable words, America must talk to Iran. First of all, because, at any cost, we mustn't let the Islamic Republic acquire the atomic bomb, use it to destroy Israel and export its revolution. Next, because no one is convinced that the current strategy will work: does anyone believe that it's possible to force Iran to renounce the enrichment of its uranium by seeking a U.N. consensus on sanctions? And in the end, because the military option, even if it remains a last resort against a nuclear Iran, would be even more hazardous than it was in Iraq.

Establishing a direct line of communication between Washington and Teheran will reinforce the existing weak international consensus, which will matter a great deal if the option of dialogue ultimately fails. In Iran, opening a dialogue will encourage the partisans of a negotiated peace and weaken the extremists, who have done a good job using the recent tension to unite public opinion in their favor.

Historical precedents like the detente with the Soviet Union or the diplomatic recognition of the [People's Republic of] China show that, in very difficult cases, an audacious act can help peace. Without deluding ourselves, and after 27 years of ostracism, the time has come to test the capacity for dialogue of Iran's leaders.


VIDEO FROM IRAN: 'IRAN WILL HARM U.S. INTERESTS WORLDWIDE'

WindowsVideoIranian TV, Iran: Excerpts from a speech by Iranian leader Ali Khamenei, April 26, 00:02:28, MEMRI

"The Americans should know: If they take any aggressive action, Iran will harm their interests wherever possible in the world."


Ali Khamenei, Iran's Supreme Leader

French Version Below

L'Amérique doit parler à l'Iran

L'éditorial de Pierre Rousselin

09 mai 2006

Dans son bras de fer avec la communauté internationale à propos du nucléaire, l'Iran a toujours cherché à diviser l'adversaire. Monter les uns contre les autres Américains, Russes, Chinois et Européens est le meilleur moyen pour la République islamique de se mettre à l'abri de sanctions ou d'une éventuelle opération militaire.

A la veille de discussions à l'ONU, la lettre que le président Ahmadinejad vient d'envoyer à George W. Bush obéit sans doute à cet objectif. Son contenu n'a pas été rendu public. Téhéran nous dit seulement qu'elle contient «de nouveaux moyens» pour sortir de la crise.

Les mots choisis ne seront pas tous aimables pour le président américain. Mais c'est un début. La missive est la première du genre que le régime des mollahs consent à adresser publiquement au «grand Satan» depuis la révolution de 1979.

L'existence de la lettre est au moins aussi importante que son contenu. D'un point de vue tactique, elle montre que l'Iran est prêt à ouvrir un dialogue direct avec les Etats-Unis, comme le souhaitent les Russes, les Chinois, les Européens et un nombre croissant d'Américains qui gravitent autour de l'Administration. D'un point de vue stratégique, la lettre d'Ahmadinejad montre que l'Iran veut arracher à Washington une reconnaissance de la République islamique malgré son inscription sur l'«axe du mal».

Par ses imprécations antérieures, appelant à ce qu'Israël soit rayé de la carte ou niant la réalité de l'Holocauste, le président iranien a fait en sorte qu'il soit très difficile à George W. Bush de répondre à son appel au dialogue.

En dépit de ces propos inacceptables, l'Amérique doit parler à l'Iran. Pour de multiples raisons. D'abord parce qu'il faut, à tout prix, éviter que la République islamique se dote de la bombe atomique et s'en serve pour détruire Israël et exporter sa révolution. Ensuite, parce que personne n'est convaincu que la stratégie actuelle aboutira : pourra-t-on forcer l'Iran à renoncer à l'enrichissement en suscitant un consensus à l'ONU en faveur de sanctions ? Enfin, parce que l'option militaire, si elle demeure un dernier recours contre un Iran nucléarisé, serait encore beaucoup plus hasardeuse que le précédent irakien.

Etablir un contact direct entre Washington et Téhéran renforcera le consensus fragile qui existe sur la scène internationale et qui sera précieux si, comme cela est probable, le dialogue échoue. Ouvrir un dialogue aura l'avantage de susciter en Iran des partisans de la voie négociée et de fragiliser les extrémistes qui ont si bien joué de la tension pour rallier l'opinion.

Les précédents historiques de la détente avec l'Union soviétique ou de la reconnaissance de la Chine populaire montrent que, dans des cas très différents, l'audace peut servir la paix. Après vingt-sept ans d'ostracisme, le moment est venu, sans se faire d'illusions, de tester la capacité de dialogue des dirigeants iraniens.