Is America Redeploying to Punish 'Old Europe?'

Washington's decision to shift its military capabilities out of Western Europe is partly a punishment for not going along with Bush's 'Iraqi adventure.' But according to this op-ed article from France's Le Figaro newspaper, the shift is largely a result of forecasting that took place before September 11.

By Arnaud de La Grange

Translated By Kate Brumback

December 7, 2005

Le Figaro - Home Page (French)    


Rice and Romanian Foreign Minister Razvan Ungureanu after Signing the 'Access Accord.'

The agreement signed Tuesday in Romania is the first step of the new strategy decided upon by the Bush administration in August 2004.

Thousands, even tens of thousands of American soldiers are returning home. The repatriation of large units based in Europe could seem like a step back, an isolationist reflex. But in the minds of Pentagon strategists, it is exactly the opposite. Not a retreat but a strategic redeployment to adapt itself to new threats, mainly terrorism.

Called "historic," yesterday's signing of an agreement offering facilities to American forces in Romania is emblematic of this movement - of a shift from "old" to "new Europe." The announcement of this redeployment was, furthermore, interpreted by some, in August 2004, as a desire of the Bush Administration to punish the group of historic allies who refused to follow him into his Iraqi adventure. This is both true and false.

ECONOMIC AFTERTHOUGHTS

It is true because Donald Rumsfeld doesn't intend to be bogged down by political contingencies, and does intend to limit [U.S.] dependence on allies that are difficult to manage diplomatically. In this, the war against Saddam Hussein in 2003 served as a lesson.

Turkey vetoed the use of its soil as a base for operations in northern Iraq, but the countries of Eastern Europe proved excellent comrades. Standing up to France and Germany, they signed the famous "Vilnius letter" and the "Letter of the Eight," supporting the American position. Some of them are now being rewarded.


Donald Rumsfeld: Not Letting Pesky West Europeans Stand In His Way.

It is false because this American redeployment stems from deep reflection that started well before September 11, in the 1990s. "Rumsfeld only accelerated this," said Etienne de Durand, a researcher at the French Institute for International Relations (IFRI). "It is a very ambitious project that will take many years and be very expensive. No one can say where it will be in ten years. It is remnants of the Cold War that Washington is now abandoning in favor of more global positioning. The guiding principle is to get closer to crisis areas (*)." Closer to the borders of the "Greater Middle East."

Thus the time has come for a disengagement from traditional areas of deployment - Western Europe and Northeast Asia - to increase forces at the frontiers of chaos. American forces in Europe will go from 112,000 men today to about 50,000. Some of the bigger units, like two divisions deployed in Germany, will be repatriated to the United States. They will be replaced by light mobile units whose flexibility will allow for quicker action.

The forces will be equipped with the new lighter Stryker armored vehicle, which made its debut in Iraq. "This redeployment corresponds to a big reform in the [U.S.] Army," said Etienne de Durand, "It is a matter of breaking down the big divisions into brigades that can be deployed autonomously."

The new American bases will be divided into three main categories:

– MOB (Main Operating Bases), which corresponds to big old bases like Ramstein in Germany or Aviano in Italy. These have been key installations in recent crises, in the Balkans or the Middle East.

– FOS (Forward Operating Sites), advanced posts at the edge of crisis areas. The units, which are lighter, will be deployed there for six-month rotations. They will train with local armies. Unlike traditional bases, families will not be present, which will reduce costs.

– CSL (Cooperative Security Locations), installations that will be activated only when needed and whose maintenance will be ensured by local forces or private companies.

While it responds to strategic and political objectives, this American military redeployment also has economic undertones. The East European countries, already under the guise of NATO standards, are potential clients for the American weapons industry. In 2003, Poland bought F-16 fighter planes against the wishes of the Europeans, notably the French and the Swedish. Just after the signing of this contract, George W. Bush, on a visit to Warsaw, said: "I have no better friend in Europe than Poland."

(*) Read Le Redéploiement global des forces américaines, in Politique étrangère, December 2005.

French Version Below

L'armée américaine se redéploie en Europe

Arnaud de La Grange

[07 décembre 2005]

L'accord signé mardi en Roumanie est la première étape de la nouvelle stratégie décidée par l'Administration Bush en août 2004.

DES MILLIERS, des dizaines de milliers, même, de boys rentrant au pays. Le rapatriement, décidé par Washington, d'importantes unités basées en Europe pourrait apparaître comme un repli, un réflexe isolationniste. Dans l'esprit des stratèges du Pentagone, c'est tout le contraire. Pas de retrait, mais redéploiement stratégique pour s'adapter aux nouvelles menaces, le terrorisme essentiellement.

Qualifiée d'«historique», la signature hier d'un accord offrant des facilités aux forces américaines en Roumanie est emblématique de ce mouvement. D'un glissement de la «vieille» à la «nouvelle Europe». L'annonce de ce redéploiement avait d'ailleurs été interprétée par certains, en août 2004, comme une volonté de l'Administration Bush de punir la fronde des alliés historiques, qui refusaient de la suivre dans l'aventure irakienne. Vrai et faux à la fois.

Des arrière-pensées économiques

Vrai, car il y a bien chez Donald Rumsfeld l'intention de ne plus être entravé par des contingences politiques, de limiter la dépendance par rapport à des alliés difficiles à gérer diplomatiquement. La guerre contre Saddam Hussein, en 2003, a servi de leçon. La Turquie avait mis son veto à l'utilisation de son sol comme base arrière pour les opérations dans le nord de l'Irak. A l'inverse, les pays d'Europe de l'Est s'étaient montrés excellents camarades. Prenant le contre-pied de la France et de l'Allemagne, ils avaient signé les fameuses «lettre de Vilnius» et «lettre des Huit», soutenant la position américaine. Certains d'entre eux se trouvent aujourd'hui récompensés.

Faux, car ce redéploiement américain découle d'une réflexion de fond lancée bien avant le 11 Septembre, dans les années 90. «Rumsfeld n'a fait qu'accélérer tout cela, commente Etienne de Durand, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Il s'agit d'un projet très ambitieux, qui prendra de longues années et coûtera très cher. Nul ne peut d'ailleurs dire l'on en sera dans dix ans. C'est l'héritage de la guerre froide que Washington solde aujourd'hui, pour passer à une posture globale. L'idée maîtresse est de se rapprocher au plus près des zones de crise (*) Donc du pourtour du «grand Moyen-Orient».

L'heure est donc au désengagement des zones de déploiement traditionnell'Europe occidentale et l'Asie du Nord-Est – pour multiplier les avant-postes aux frontières du chaos. Les forces américaines en Europe vont passer de 112 000 hommes aujourd'hui à quelque 50 000. Un certain nombre d'unités lourdes, comme deux divisions déployées en Allemagne, vont être rapatriées aux Etats-Unis. Elles seront remplacées par des unités plus légères, mobiles, dont la flexibilité permet une projection plus rapide.

Des forces notamment équipées du nouveau blindé léger Stryker, étrenné en Irak. «A ce redéploiement correspond une grande réforme de l'armée de terre, commente Etienne de Durand, il s'agit de casser les grandes divisions pour les répartir en brigades déployables de manière autonome

Les nouvelles bases américaines seront désormais divisées en trois catégories principales :

les MOB (Main Operating Bases), qui correspondent aux anciennes grandes bases comme celle de Ramstein en Allemagne ou Aviano en Italie. Des installations clés dans toutes les dernières crises, balkaniques ou moyen-orientales.

les FOS (Forward Operating Sites), des postes avancés aux portes des zones de crise. Les unités, plus légères, y seront déployées dans le cadre de rotations de six mois. Elles s'y entraîneront avec les armées locales. A la différence des bases traditionnelles, les familles ne suivront pas, ce qui réduira d'autant les coûts.

les CSL (Cooperative Security Locations), installations qui ne seront activées qu'en cas de besoin et dont la maintenance pourra être assurée par des forces locales ou des entreprises privées.

S'il répond à des objectifs stratégiques et politiques, ce redéploiement militaire américain n'est pas dépourvu d'arrière-pensées économiques. Les pays d'Europe de l'Est, déjà incités par les normes Otan, sont des clients potentiels pour l'industrie d'armement américaine. En 2003, la Pologne a ainsi acheté des avions de chasse F 16, au grand dam des Européens, Français ou Suédois notamment. Juste après la signature de ce joli contrat, George W. Bush, en visite à Varsovie, avait déclaré : «Je n'ai pas de meilleur ami en Europe que la Pologne

(*) Lire Le Redéploiement global des forces américaines, in Politique étrangère, décembre 2005.

© Watching America and WatchingAmerica.com. All Rights Reserved. 2005

Site Design v1.0 & v2.0:
Fifth Wall Media Design