Vladimir Putin Derides the 'American Fortress'
By Moscow Correspondent Marie Jégo
Translated By Pascaline Jay
May 12, 2006
France - Le Monde - Original
Article (French)
Applauded
47 times by members of Parliament (according to the Russia's Itar-Tass agency),
who had gathered in the Kremlin's marble room to listen to him, President
Vladimir Putin outlined during his annual speech to the nation [] on Wednesday May 10, the main guidelines of his project to reaffirm Russian
power. In order to be strong domestically and regain its position of importance
on the international scene, Russia will have to put an end to, he insisted, its critical demographic collapse and
reinforce its defense capabilities.
The
Russian leader highlighted the fact that according to demographers, the country
(population of 143 million) lost around 5.8 million inhabitants since 1993, or
700,000 a year. To remedy this problem, the country's worst, Mr. Putin
announced a raft of measures to encourage births (an increase in family
allowances, an income for women who wish to stay at home and raise their
children, more money for maternity hospitals). Let's talk about what is most
important: love, women and children, and family, he explained at the
beginning of his speech, paraphrasing a speech by Franklin Roosevelt, the 32nd
American President. When he also quoted Aleksandr Solzhenitsyn, the writer of The
Gulag Archipelago [], Mr. Putin brought up the idea of safeguarding
the nation, a notion rarely mentioned in the speeches of his predecessors.
The other
recurrent theme of his speech is the creation of a strong army, capable of
facing any threat and resisting outside pressure.
We
also need to make clear that the stronger our armed forces are, the lesser the
temptation for anyone to put such pressure on us, no matter under what pretext
this is done" he proclaimed. In order to justify the increases in defense
and security spending this year (+20%) Mr. Putin stated that the defense budget of his
country was still 25 times lower than that of the United States. Their home is their fortress, and good on
them, I say. Well done! … But this means that we also need to build our home
and make it strong and well protected.
Being
faithful to Russia's official anti-American line, Mr. Putin sounded an ironic
tone over the pathos of Washington as
far as human rights and democracy are concerned. Answering in veiled terms the
recent criticism of American Vice President Dick Cheney on the decline of
democracy in Russia, the Russian President compared the United States to a wolf ready to forget about human rights
when its interests are at stake.
The
wolf knows who to eat, as the saying goes. It knows who to eat and is not about
to listen to anyone, it seems. How quickly all the pathos of the need to fight for
human rights and democracy is laid aside the moment the need to realize one's
own interests comes to the fore?, he thundered, two months before his
G-8 meeting with George Bush in Saint Petersburg. The allusion to a wolf was very much appreciated -
especially by the 1000 people who came to listen to him and applauded him vigorously
- since it was a reference to a story often told during Soviet times: the story
of a wolf that falls into a well with a lamb and a man, and which chooses to
eat the man.
Vice President Dick Cheney: Representing the Wolf?
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Insisting
on the threats menacing his country, the Russian head of state explained that talking about an end to the arms' race was
premature and that today it is accelerating. Without mentioning Iran, whose nuclear program is now a central international
preoccupation, Mr. Putin mentioned the risk
of the proliferation of small-capacity nuclear weapons but also of nuclear
weapons in space.
Another
international preoccupation, Russian energy policy, wasn't brought up very much;
Mr. Putin simply highlighted the reliability of his country as far as
delivering gas to Europe was concerned. He also evoked the positive role that Russia could play in a united European energy strategy.
We must conquer other potential
markets … but also respect our obligations toward our traditional partners, he stated.
THE MOST POPULAR LEADER OF THE
CENTURY
Vladimir Putin is the most popular
leader of the century, explained Russian financial daily Vedomosti, on Wednesday May 10, putting forward a poll made by the Louis Levada center for
analysis in April. According to the poll, the current president beats all of
his predecessors, from Tsar Nicolas II to the first president Boris Yeltsin, arousing a feeling of respect from 45% of the people, and even affection from 22%; 13% are indifferent, 6% don't like him and only 1% feel hateful toward him.
In
comparison, reactions to Mikhail Gorbachev were 24% negative, and this
percentage climbs to 32% for Boris Yeltsin.
French Version Below
Vladimir
Poutine contre la "forteresse américaine"
MOSCOU
CORRESPONDANTE
Applaudi
47 fois (selon l'agence Itar-Tass) par les parlementaires qui s'étaient réunis
pour l'écouter dans la salle de marbre du Kremlin, le président Vladimir
Poutine a dressé, mercredi 10 mai, lors de son adresse annuelle à la nation,
les grandes lignes de son projet de réaffirmation de la puissance russe. Pour
être forte à l'intérieur et reconquérir ses positions sur la scène
internationale, la Russie devra, a-t-il insisté, enrayer la chute "critique" de sa démographie et renforcer ses capacités de défense.
Selon les
démographes, le pays (143 millions d'habitants) a perdu au total quelque 5,8 millions d'habitants depuis 1993, soit 700 000 personnes
par an, comme l'a rappelé le numéro un russe. Pour remédier à ce problème, "le plus grave du pays", M.
Poutine a annoncé un train de mesures (augmentation des allocations, paiement
d'un salaire aux femmes qui arrêtent de travailler pour élever leurs enfants,
fonds alloués aux maternités du pays) destinées à encourager la natalité. "Parlons
du plus important : de l'amour, des femmes et des
enfants, de la famille", a-t-il expliqué au début de son intervention,
paraphrasant un discours de Franklin Roosevelt, le 32e président des
Etats-Unis. Citant enfin Alexandre Soljenitsyne, l'écrivain du goulag, M.
Poutine a évoqué l'idée de "sauvegarder la nation", une notion
rarement présente dans les discours de ses prédécesseurs.
L'autre
thème récurrent de son intervention est celui de la
création d'une armée forte, capable de faire face à toutes les menaces et de
résister aux pressions de l'extérieur. "Nous devons être toujours prêts
à contrer toute tentative de pression sur la Russie quand des positions sont
renforcées à nos dépens", a-t-il proclamé, tout en expliquant
: "Plus notre armée est forte, moins les tentations d'exercer
des pressions sur nous seront grandes." Justifiant le renforcement,
cette année, du budget alloué à la défense et à la sécurité (+ 20 %), M.
Poutine a rappelé que le budget défense de son pays était toutefois 25 fois
moins important que celui des Etats-Unis. "Leur
maison est leur forteresse, tant mieux pour eux", a-t-il expliqué,
mais cela signifie "que la nôtre aussi doit être forte et fiable".
Fidèle à
la rhétorique antiaméricaine de rigueur dans le discours officiel russe, M.
Poutine a ironisé sur le "pathos" de Washington à propos des
droits de l'homme et de la démocratie. Répondant à
mots couverts aux récentes critiques du vice-président américain, Dick Cheney,
sur le recul de la démocratie en Russie, le président russe a comparé les
Etats-Unis à un "loup" prompt à faire fi des droits de l'homme
lorsque ses intérêts sont en jeu.
"Le
camarade Loup mange et n'écoute personne et n'a aucune
intention d'écouter qui que ce soit. Où disparaît tout le pathos sur la défense
des droits de l'homme, la démocratie, lorsqu'il s'agit de défendre ses propres
intérêts ?",
a-t-il tonné, à deux mois de sa rencontre avec son homologue américain George
Bush, lors du sommet du G8 à Saint-Pétersbourg. L'allusion au "loup" a été d'autant plus appréciée par les auditeurs - au premier chef, le parterre
de 1 000 personnes venues l'entendre, qui ont vivement applaudi - qu'elle
faisait référence à une histoire souvent racontée à l'époque soviétique, celle
d'un loup tombé dans un puits avec un agneau et un homme, et qui faisait le
choix de manger l'homme.
Insistant
sur les menaces qui pèsent sur son pays, le chef de l'Etat russe a expliqué
qu'il était "prématuré de parler de la fin de la course aux
armements", laquelle "s'accélère aujourd'hui". Sans
dire un mot sur l'Iran, dont le programme nucléaire est en ce moment l'objet de
la préoccupation internationale, M. Poutine a mentionné le "risque de
prolifération de charges nucléaires de petite puissance" ainsi que
l'apparition "d'armes nucléaires dans l'espace".
Autre
sujet de la préoccupation internationale, la politique
énergétique russe a peu été évoquée, M. Poutine se contentant de souligner la
fiabilité de son pays dans le domaine des livraisons de gaz à l'Europe. Il a notamment mis l'accent sur le "rôle
positif" que la Russie pouvait jouer dans une "stratégie
énergétique européenne unifiée". "Il faut conquérir d'autres
marchés potentiels (...), mais aussi respecter nos obligations vis-à-vis
de nos partenaires traditionnels", a-t-il
rappelé.
Marie
Jégo
"Le
dirigeant le plus populaire du siècle"
"Vladimir
Poutine est le dirigeant le plus populaire du siècle", expliquait, mercredi 10 mai, le
quotidien économique russe Vedomosti en mettant en avant un sondage
effectué en avril par le centre d'analyses Iouri Levada. Selon ce sondage,
l'actuel président bat tous ses prédécesseurs, du tsar Nicolas II au "premier
président" Boris Eltsine, suscitant un sentiment de "respect" chez 45 % des personnes interrogées, voire l'"affection" de 22
% d'entre elles ; 13 % des sondés se disent "indifférents" ; 6
% " ne l'aiment pas" et seul 1 % éprouve à son égard un "sentiment
de haine".
En
comparaison, l'évocation de la personne de Mikhaïl Gorbatchev éveille des
réactions négatives chez 24 % des sondés et ce
pourcentage grimpe à 32 % pour Boris Eltsine.