Tageblatt, Luxembourg
America's Science Empire: It's About Money ... and More

Translated By Sandrine Ageorges

October 4, 2006
Luxembourg's Tageblatt - Home Page (French)   



Roger Kornberg, 59 (above),
winner of the 2006 Nobel
Prize in Chemistry and son
of previous winner, Arthur
Kornberg (below).



Arthur Kornberg, winner of
the Nobel Prize in Chemistry
in 1959. (below).






Dr. John C. Mather, of NASA's
Goddard Space Flight Center
(above) shared the 2006 Nobel
Prize in Physics with George
F. Smoot of the University
of California (below).






Dr. Andrew Fire (above) shared
the 2006 Nobel in Medicine
with Craig C. Mello, PhD, of the
University of Massachusetts
Medical School (below).



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Every Nobel Prize RealVideo in science went to an American this year, confirming a 50-year domination of medicine, physics and chemistry. It is a phenomenon that the question of financial resources alone cannot explain.



The Nobel Prize


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Americans have secured or shared the Nobel Prize in medicine 17 times over the past 20 years. They have also walked away with the Nobel Prize in chemistry without interruption since 1992 and except in 1999, the Nobel Prize in physics with the same regularity for the past 13 years.

Of the 513 researchers to have been crowned with a scientific Nobel since 1901, 232 were American, which includes seven who had dual citizenship.

The list of advances that the Americans are responsible for appears without end, from semiconductors to DNA, from the physics of elemental particles to the study of cancerous cells, up to and including the discovery of the abnormal protein prion RealVideo.

Above all, this domination is explained by the colossal sums invested by the Americans to attract the very flower of global research.

According the America's National Science Foundation, in 2004 alone the United States invested $30.15 billion on research and development at its universities and industrial enterprises, which is more than Great Britain, Canada, France, Germany, Italy and Japan combined.

According to Peter Bowler, a Professor in the History of Science at the University of Belfast, "The United States constitutes the most powerful scientific economy in the world. They invest more money and probably in a more coherent fashion than anyone else, and in the end, it pays off."

This country "has become a Mecca for the most brilliant scientists, who flock there from around the world."

A European scientist confirms, on condition of anonymity, that the recources in Europe are laughable compared to the budgets at universities like Harvard, Stanford, the Massachusetts Institute of Technology or NASA's Jet Propulsion Laboratory.

While on sabbatical at Emory University in Atlanta two years ago while his colleagues in France were on strike over the lack of academic posts, Rodolphe Fischmeister, director for research for France's INSERM (National Institute for Health and Medical Research RealVideo), could only note the enormous difference in resources between the two sides of the Atlantic.

Fischmeister, who is a specialist in cellular and molecular cardiology, said in Atlanta, "It has revived the joy I feel for research, far from material and administrative priorities that are the daily burden of a unit's director" in France, where "hardly recruited, one must spend all his time and energy begging for funds on the left and in the right."

But in countries like China, South Korea, Japan or Singapore, hardly suffering for a lack of research funding, they know from experience that funding is not the only key to success.

The United States also benefits from a climate that is favorable to the exchange of ideas, where "to think differently" is tolerated and even encouraged.

At the other extreme is South Korea, where scientist Hwang Woo-Suk RealVideo fell in disgrace after having admitted to lying about his research into cloning. Here we can judge the cost of putting professors on a pedestal which is above criticism.

However the picture in the United States is not completely rosey, where the number of qualified science graduates is dropping, and where public opinion surveys in regard to the sciences reflect a general indifference, if not the suspicion or aversion reflected by fundamentalist religious movements.

Lastly, the United States is growing concerned with a number of fundamental research projects in Europe that could reverse the trend of American domination, for example into particle physics and atomic fusion.

French Version Below

L'empire scientifique américain: une question de dollars, mais pas seulement

Tous les prix Nobel scientifiques sont allés cette année à des Américains, confirmant une domination des Etats-Unis qui dure depuis plus d'un demi-siècle en médecine, physique et chimie et que la seule question des moyens financiers ne suffit pas à expliquer.

Les Américains ont obtenu ou partagé le prix Nobel de médecine 17 fois au cours des 20 dernières années. Ils ont remporté celui de chimie sans interruption depuis 1992, et celui de physique avec la même régularité depuis treize ans, sauf en 1999.

Des 513 chercheurs à avoir été couronnés d'un Nobel scientifique depuis 1901, 232 étaient Américains, dont 7 qui avaient une double nationalité.

La liste des avancées dues aux Américains paraît sans fin, des semi-conducteurs à l'ADN, de la physique des particules élémentaires aux cellules cancéreuses, en passant par la découverte de la protéine prion anormale.

Cette domination s'explique avant tout par les sommes colossales investies par les Américains pour attirer la fine fleur de la recherche mondiale.

Les Etats-Unis ont investi en 2004 301,5 milliards de dollars en recherche et développement dans l'industrie et les universités, selon la Fondation nationale américaine pour la science, soit plus que Grande-Bretagne, Canada, France, Allemagne, Italie et Japon réunis.

»Les Etats-Unis constituent la plus forte économie scientifique du monde. Ils y mettent plus d'argent, peut-être aussi de façon plus cohérente, que n'importe qui et cela finit par payer», résume Peter Bowler, professeur en histoire de la science à la Queen's University à Belfast.

Ce pays »est devenu la Mecque pour les scientifiques les plus brillants, qui y accourent du monde entier», poursuit-il.

Un scientifique européen confirme, sous couvert d'anonymat, que les moyens en Europe sont dérisoires comparés aux budgets d'universités comme Harvard, Stanford, le Massachusetts Institute of Technology, ou encore au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa.

Il y a deux ans, alors que ses collègues en France étaient en grève contre le manque de postes, Rodolphe Fischmeister, directeur de recherche à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) alors en année sabbatique à l'Université Emory d'Atlanta, ne pouvait que constater l'énorme différence de moyens, d'un côté à l'autre de l'Atlantique.

A Atlanta, ce spécialiste de cardiologie cellulaire et moléculaire disait renouer »avec les joies de la recherche, loin des impératifs matériels et administratifs qui sont le lot quotidien d'un directeur d'unité» en France, où, »à peine recruté, on doit passer tout son temps et son énergie à quémander des bouts de financement à gauche et à droite».

Mais des pays comme la Chine, la Corée du Sud, le Japon ou Singapour, guère chiches en moyens pour la recherche, font aussi l'expérience que l'argent n'est pas la seule clé du succès.

Les Etats-Unis profitent également d'un climat favorable aux échanges d'idées, à l'émulation, où le penser-autrement est toléré, voire encouragé.

A l'inverse, la Corée du Sud, où le scientifique Hwang Woo-Suk est tombé en disgrâce après avoir reconnu avoir menti dans ses recherches sur le clonage, a pu mesurer ce qu'il en coûte de placer ses professeurs sur un piédestal, au dessus de toute critique.

Le tableau n'est pourtant pas totalement rose non plus aux Etats-Unis, où le nombre de diplômés scientifiques originaires du pays chute, et où le grand public n'éprouve souvent qu'indifférence à l'égard des sciences, quand ce n'est pas suspicion ou aversion comme en témoignent les polémiques provoquées par des mouvements religieux fondamentalistes.

Enfin, les Etats-Unis commencent aussi à se soucier de certains projets en recherche fondamentale en Europe, qui pourraient renverser la domination américaine, par exemple en physique des particules et en fusion atomique.